Le Souffle des Ancêtres (Chronique romancée du peuple boïen entre mythe et mémoire)
Chapitre 5 — Céramiques et sillons
Le soleil de midi baignait les ruelles pavées du quartier des artisans, où s’élevaient les fours en argile cuite. Sitelle, maître potier, modelait un gobelet en terre fine, ses doigts imprimant les spirales et chevrons caractéristiques de la culture boïenne. À ses côtés, Eiran pétrissait la barbotine, concentré.
— Regarde, Eiran, dit Sitelle en passant son tourne-argile sous le gobelet, ces motifs ne sont pas que décoratifs. La spirale symbolise le cycle des saisons, le chevron guide la pluie vers les sillons. 
— Comme les gravures d’Alaunia sur les parois du temple, acquiesça Eiran, essuyant la sueur de son front.
Le jour avançait ; l’ombre gagnait le plateau. Plus loin, un forgeron martelait un fer de charrue, tandis qu’un autre ajustait la courbe d’une faucille. Les outils forgés à Závist témoignaient d’un artisanat du fer remarquable, taillé non seulement pour la guerre mais aussi pour nourrir les vivants.
À l’acropole, dans la clameur lointaine des armes sur le champ d’entraînement, Alaunia posa sa main contre l’échine du mur. 
— Que nos pierres chantent leur prouesse à nos enfants, et que nos ancêtres veillent sur chaque sentinelle postée au sommet, conclut-elle.
Soudain, Eiran accourut, tenant une petite bourse de cuir. 
— Maîtresse ! J’ai trouvé ces pièces près du cloaque : des drachmes en argent et un statère en or frappé du monogramme boïen. Sitelle sourit en examinant la monnaie. 
— Voilà la preuve d’une économie florissante : nos échanges vont jusqu’au sud du Danube, et même plus loin.
Le soir, Sitelle et Eiran déposèrent leurs créations — gobelets ornés de spirales, fibules en bronze et monnaies scintillantes — dans une caisse de chêne, destinée aux collectes du temple. Chaque objet, des céramiques aux sillons jusqu’aux lames de fer et pièces de monnaie, racontait une histoire : celle d’un peuple habile, commerçant, et maître de ses terres et de ses savoirs.
Antoine le 11 Juillet 2025
Note complémentaire :
Quartier des artisans : Zone dédiée aux métiers de feu et d’argile. Lieu où les matières deviennent mémoire, et où l’économie rejoint le rite. On y forge autant la faucille que le destin.
Sitelle : Maître potier du quartier des artisans. Son nom évoque finesse et savoir ancestral. Par ses créations, elle perpétue les cycles naturels et transmet les symboles boïens : spirale, chevron, terre liée aux étoiles.
Spirales et chevrons : Motifs récurrents de la culture boïenne. La spirale évoque le cycle des saisons et la régénération ; le chevron représente la fertilité des terres et la canalisation de l’eau.
Culture boïenne : Ensemble de traditions celtes centrées sur la Bohême. Elle se distingue par ses motifs géométriques, son artisanat raffiné et sa capacité d’ouverture aux échanges sud-danubiens.
Eiran : Apprenti potier, dont la curiosité illustre la vivacité du savoir populaire. Figure du lien intergénérationnel entre gestes artisanaux et mémoire spirituelle.
Drachmes et statère : Monnaies provenant des échanges méditerranéens. Leur présence atteste des liens commerciaux étendus, notamment avec les Grecs et les peuples du Danube.
Statère : Pièce lourde en or utilisée dans les transactions importantes. Au-delà de sa valeur économique, elle incarne la stabilité et le prestige du peuple boïen.
Monogramme boïen : Signe frappé sur certaines monnaies précieuses, représentant souvent un caractère sacré ou un emblème clanique. Il marque l’identité du peuple boïen dans les échanges régionaux.
Drachme : Monnaie d’origine grecque. Sa présence dans Závist témoigne d’une ouverture économique vers les cités hellénistiques et les comptoirs du commerce long-distance.

Commentaires
Enregistrer un commentaire