La Bastille de Grenoble, une scène de crime (presque) parfaite qui fait le tour des réseaux sociaux

Un tournage qui fait froid dans le dos… et le tour du Web

 Ils pensaient filmer une fiction... 

- “On est bons ? Moteur... action !”

 …Mais certains souvenirs ne supportent pas la lumière des projecteurs

Une main gantée corrige la posture d’un comédien. — Une silhouette floue passe derrière une caméra. — Un regard qui vacille. — Une arme qu’on croyait factice. — Un cri… coupé net.

- “T’es sûr qu’on tourne encore, là ?”

- “On pensait que c’était du jeu. Mais le sang... collait.”

Le réalisateur qui filme est en larmes. Une casquette tachée sur une table. Des festivaliers qui applaudissent… et dans le fond, un homme qui regarde sans applaudir.

Un film que personne n’était censé terminer.

 À la Bastille… la fiction ne vous protège pas. 

 Perchée sur les hauteurs de Grenoble, la Bastille veille depuis des siècles, muette sentinelle entre ciel et pierre. Ce lieu de mémoire, aux galeries suintantes et aux couloirs oubliés, attire chaque année des milliers de visiteurs — mais peu en soupçonnent vraiment les profondeurs. Ici, le silence est plus ancien que les murs.

Ce samedi, en cette fin de journée, un groupe d’étudiants en cinéma avait investi les grottes Mandrin pour tourner leur court-métrage de fin d’année. Éclairage minimal, scénario sanglant, ambiance pesante : tout semblait réuni pour un tournage inoubliable. Caméras, scripts, faux sang… et une angoisse feinte, censée divertir. Mais cette fois, la fiction allait se heurter à quelque chose de plus ancien. De plus vrai.

Parmi les visiteurs du jour, Raymond. Silhouette sobre, démarche calme, un regard impénétrable comme les galeries qu’il arpentait. Ancien tueur à gages — ou simple vieillard aux souvenirs bien rangés ? On ne savait pas. Lui non plus, peut-être. Il se tenait là, comme un vestige ambulant, attiré par l’ombre comme par réflexe.

Un cri, d’abord. Puis des rires. Il s’arrêta net

Dans une alcôve, des jeunes s’agitaient autour d’un faux cadavre. Un comédien, visiblement tendu, lança :

- « C’est la fin pour toi, Marc. »

Le réalisateur, nerveux :

- « Non… reprends. Et cette fois, vise comme si tu n’avais pas le choix. »

Raymond émergea du noir sans un bruit. Observa. Puis souffla, bas :

- « L’index ne s’écrase pas, il frôle la détente. Le regard… il précède l’acte. »

Silence immédiat. Ils se tournèrent tous vers lui. L’étrangeté de sa présence s’imposa, sans pour autant susciter la moindre révolte.

- « Et toi, la victime... tu refuses de mourir, même au dernier souffle. »

Il ne s’éloigna pas. On le pria de rester. Il accepta. Ses conseils, précis, glacials, devinrent le nouveau langage du plateau. Il leur enseigna comment disparaître dans un plan, comment piéger un cadre, comment insinuer la mort dans un regard fixe. Aucun ne sut dire à quel moment il cessa d’"aider" et commença à "diriger".

Les scènes devinrent obsédantes. Une tension sourde s’installa. La lumière baissa d’un cran. L’air semblait plus dense.

- « On tourne toujours, là ? » demanda un étudiant, à mi-voix. Personne ne répondit.

Et puis... un cri. Plus aigu. Trop réel.

Un geste trop appuyé. Une arme mal rangée. Le corps resta immobile plus longtemps que prévu. Le sang ne collait pas comme le sirop. La panique, elle, n'était plus feinte. Le réalisateur, hébété, continuait de filmer, les yeux écarquillés :

- « Continuez... C’est incroyable. C’est du génie… »

Ils montèrent les images dans la nuit. Les partagèrent au petit matin. L’engrenage avait commencé.

Le film fit le tour du web et des réseaux sociaux. Certains crièrent au scandale, d’autres au chef-d’œuvre. Les débats s’enflammèrent : jusqu’où l’art peut-il aller ? Où finit le jeu, où commence la vérité ? Les jeunes cinéastes devinrent des icônes virales. Télés, producteurs, festivals : tout le monde voulait leur version du réel.

Le procès fit la une. Condamnation pour homicide involontaire. Réseaux de soutien, pétitions, maisons de production flairant le jackpot. Libérés plus tôt qu’attendu, les anciens étudiants signèrent des contrats. Leur film, interdit puis culte, reçut des prix dans le monde entier.

Quant à Raymond, il n’était plus qu’une silhouette floue captée par une caméra de surveillance, le jour du drame. Sur l'une des vidéos du tournage, certains jurèrent voir son reflet dans le cadre. Juste avant le premier cri. Un regard. Une ombre. Mais l’image était trop brumeuse. Le générique ne mentionnait aucun consultant.

Moralité : À la Bastille, certains fantômes ne hantent pas les murs. Ils les observent… et attendent leur scène.

Antoine le 19 Mai 2025

Fortifications de la Bastille - Grenoble

Commentaires