Le Mary Celeste : L'histoire imaginaire des aventures mystérieuses de son équipage

Cette histoire est librement inspirée de la légende du Mary Celeste, un navire marchand américain retrouvé à la dérive en 1872 sans aucun membre d’équipage à bord. Le mystère entourant sa disparition a alimenté de nombreuses spéculations et récits fantastiques au fil des ans. En voici un de plus.

 


Le Mystic Voyager : chronique d’une disparition inquiétante

Le Mystic Voyager fendait l’Atlantique, silhouette fantomatique sous une lune absente. À son bord, le capitaine Jonathan Reed scrutait l’obscurité, le regard hanté par une angoisse qu’il ne s’expliquait pas. Dans la cabine, Emily berçait leur fille Lily, inconsciente du malaise qui s’insinuait dans chaque recoin du navire. L’équipage, d’ordinaire jovial, se murait peu à peu dans un silence pesant, comme si l’océan lui-même retenait son souffle.

Puis, sans avertissement, une brume surnaturelle s’abattit, engloutissant le voilier. Le brouillard n’avait rien d’ordinaire : il semblait absorber la lumière, étouffer les sons, distordre l’espace. L’air devint glacial. Les instruments de navigation s’affolèrent, les aiguilles tournoyant dans un ballet absurde. Une phosphorescence bleutée, malsaine, rampa sur le bois du pont, dessinant des motifs indéchiffrables.

Un à un, les membres de l’équipage se rassemblèrent, attirés par une sensation de malaise grandissant, comme si une présence invisible les observait. Soudain, une voix s’éleva, à la fois lointaine et terriblement proche, résonnant dans leurs esprits :

« Abandonnez tout espoir. Ici commence le voyage dont nul ne revient. »

Le capitaine Reed tenta de rassurer ses hommes, mais il sentait lui-même la peur se glacer dans ses veines. Emily, blême, serra Lily contre elle, persuadée qu’un danger innommable les guettait. Autour d’eux, le brouillard se resserrait, oppressant, presque vivant.

Des ombres mouvantes apparurent à la surface des vagues, silhouettes indistinctes, mi-humaines, mi-aquatiques, aux yeux luminescents. Des chuchotements s’élevèrent, portés par le vent, murmurant des secrets oubliés, des promesses de révélations interdites. Les marins, hypnotisés, se laissèrent guider vers le canot, incapables de résister à l’appel.

À peine eurent-ils quitté le Mystic Voyager que la mer s’ouvrit sous eux, béante, avalant leur embarcation dans un gouffre sans fond. La lumière disparut. Le silence devint total, absolu, brisé seulement par les battements affolés de leurs cœurs.

Ils émergèrent dans un lieu où la logique n’avait plus cours. Un royaume d’eaux stagnantes, de ruines englouties, de créatures difformes et de lueurs malsaines. Ici, le temps semblait figé, l’air chargé d’un parfum de mort et de secrets inavouables. Des visions surgissaient, souvenirs déformés, cauchemars éveillés. Chacun dut affronter ses propres démons, prisonnier d’un monde où la frontière entre la réalité et la folie s’effritait.

Le capitaine Reed, brisé, comprit trop tard qu’il avait mené les siens vers un piège ancien, une faille entre les mondes, gardée par des entités oubliées. Emily, luttant pour garder Lily saine et sauve, sentit peu à peu la mémoire de leur vie passée s’effacer, remplacée par des souvenirs qui n’étaient pas les siens.

Pendant ce temps, à la surface, le Mystic Voyager dérivait, vide, intact, comme figé dans le temps. Les rares marins qui le croisèrent parlèrent d’un navire hanté, porteur de malédiction. Jamais on ne retrouva trace de ses passagers. Seuls les plus sensibles, la nuit, croient encore entendre, portés par le vent, les échos d’une voix venue du fond des âges :

« Ici commence le voyage dont nul ne revient… »

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