L’affaire Soleilland, en 1907, est l’un des événements criminels les plus marquants de la France du début du XXe siècle. Ce drame concerne le viol et l’assassinat d’une fillette de 11 ans, Marthe Erbelding, et a suscité une immense émotion dans tout le pays.
Albert Soleilland, un homme agé de 26 ans, était un ami de la famille Erbelding, avec qui il entretenait des relations de confiance. Le 31 janvier 1907, c’est Julienne Soleilland, l’épouse d’Albert, qui devait initialement accompagner Marthe à un spectacle. Retenue par son travail, elle confie finalement cette tâche à son mari. Les parents de Marthe, confiants en Soleilland, acceptent sans méfiance. Cependant, la petite fille ne reviendra jamais chez elle, provoquant une vive inquiétude au sein de sa famille.
L’enquête
Après la disparition de Marthe, la police est rapidement alertée. Des recherches sont entreprises et, assez rapidement, le corps de la fillette est retrouvé dans une consigne à bagages de la gare de l’Est à Paris, où Soleilland l’avait déposé. L’autopsie révèle que Marthe a été violée, étranglée puis poignardée. Soleilland est immédiatement suspecté puisqu’il avait été vu pour la dernière fois avec Marthe. Lorsqu’il est interrogé par la police, il finit par avouer son implication dans l’affaire.
Le procès
Le procès d’Albert Soleilland se tient en juillet 1907, attirant l’attention du public et des médias. La gravité de l’affaire choque profondément l’opinion publique, qui suit le déroulement des audiences avec émotion. Soleilland est rapidement reconnu coupable et condamné à mort, une sentence qui semblait inévitable au vu des circonstances.
La grâce présidentielle
Cependant, dans la continuité de sa politique abolitionniste, le président de la République de l’époque, Armand Fallières, décide de gracier Albert Soleilland. Opposé à la peine de mort, Fallières commue la condamnation de Soleilland en travaux forcés à perpétuité au bagne de Guyane. Cette grâce, prononcée le 13 septembre 1907, provoque une vive controverse à travers le pays : de nombreux citoyens et journaux expriment leur désaccord avec cette décision, jugée trop clémente au regard de la gravité des faits.
Soleilland est alors envoyé au bagne de l’île Royale, où il vivra dans des conditions extrêmement difficiles. Rejeté et régulièrement agressé par ses co-détenus, il y connaîtra l’isolement, la maladie et la misère, jusqu’à sa mort en 1920.
Conséquences
L’affaire Soleilland aura un impact durable sur la société française. Elle relance le débat sur la peine de mort, avec une polarisation entre ceux qui souhaitaient son abolition et ceux qui estimaient que de tels crimes méritaient la peine capitale. Sous l’effet de l’émotion, l’Assemblée nationale rejette en décembre 1908 un projet d’abolition de la peine de mort. Soleilland, de son côté, est envoyé au bagne de l’île Royale en Guyane, où il meurt de la tuberculose en mai 1920. L’affaire reste encore aujourd’hui un exemple marquant de la relation entre justice, crime et opinion publique, et elle a profondément influencé le débat autour de la peine de mort en France. Elle a également mis en lumière l’importance de la vigilance parentale et de la confiance accordée aux proches.

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