L’affaire Marcel Redureau : Le massacre de Bas-Briacé et la jeunesse face à la violence

 L'affaire Marcel Redureau est l'une des plus choquantes de l'histoire criminelle française, en raison de la jeunesse de l'auteur et de la violence des faits. Le 30 septembre 1913, dans le village de Bas-Briacé, commune du Landreau, en Loire-Atlantique, un adolescent de quinze ans, Marcel Redureau, tue sept personnes dans un accès de rage, marquant durablement la mémoire collective.


Contexte

Marcel Redureau, né en 1898, est un jeune garçon d’origine modeste, travaillant comme ouvrier agricole pour la famille Lemoine dans leur ferme située à Bas-Briacé. La famille Lemoine était relativement aisée et possédait une exploitation prospère. Redureau, malgré son jeune âge, s'était fait remarquer pour son travail acharné et sa bonne conduite. Rien ne laissait présager qu'il deviendrait l'auteur d'un massacre aussi brutal.

La famille Lemoine était composée du père, Pierre Lemoine, de sa femme, Marie, et de leurs cinq enfants. Marcel vivait et travaillait sur la propriété depuis plusieurs mois, et tout semblait se dérouler sans incident particulier, jusqu’au jour fatidique du 30 septembre 1913.

Le massacre

Ce jour-là, une altercation éclate entre Marcel Redureau et Pierre Lemoine, son employeur. La cause de cette dispute reste floue, mais il semble que Pierre Lemoine ait reproché quelque chose au jeune garçon. En proie à une colère intense, Marcel saisit alors une hache et frappe Pierre Lemoine avec une violence inouïe, le tuant sur le coup.

Après avoir tué Pierre Lemoine, Marcel Redureau, dans un état de rage incontrôlée, s'en prend aux autres membres de la famille. Il assassine Marie Lemoine et ses cinq enfants, âgés de deux à seize ans. Le massacre est d'une extrême brutalité, tous les membres de la famille étant tués à coups de hache ou d'autres objets contondants. En l’espace de quelques minutes, sept personnes, dont des enfants, perdent la vie.

L’arrestation et l’aveu

Après avoir commis ce carnage, Marcel tente de maquiller son crime. Il retourne à son travail comme si de rien n'était, mais la découverte des corps par des voisins provoque une vive émotion dans le village. Les habitants, horrifiés par la scène, alertent rapidement les autorités.

Marcel Redureau est rapidement arrêté, et sous le choc, il avoue être l'auteur des meurtres. Lors de son interrogatoire, il reconnaît avoir agi dans un accès de rage, expliquant qu'il ne supportait plus les reproches de son employeur. Ses motivations profondes restent difficiles à cerner, mais il est clair que le jeune adolescent était dépassé par les événements.

Le procès

Le procès de Marcel Redureau s’ouvre en février 1914. L’affaire fait grand bruit en France, non seulement à cause du nombre de victimes, mais surtout en raison de l'âge de l'accusé, qui n'avait que quinze ans au moment des faits. Les avocats de la défense plaident en faveur de son jeune âge et de sa condition mentale, tentant de lui éviter la peine de mort.

Malgré les arguments de la défense, Marcel Redureau est condamné à la peine de mort pour ses crimes, même s'il est mineur. À l'époque, l'émotion suscitée par le massacre, notamment par la mort des enfants, rend toute clémence difficile. Cependant, en raison de son âge, des voix s'élèvent contre l'application de la peine capitale à un adolescent. Finalement, le président de la République, Raymond Poincaré, accorde la grâce présidentielle à Marcel Redureau, et sa peine est commuée en travaux forcés à perpétuité.

Après le procès

Marcel Redureau est envoyé en détention, mais sa vie après les événements demeure relativement obscure. L'affaire a marqué durablement l'opinion publique, en raison de la sauvagerie des crimes commis par un adolescent. Elle a aussi relancé le débat sur l'âge de responsabilité pénale en France et les conditions de travail des jeunes ouvriers agricoles, souvent soumis à des pressions physiques et psychologiques très dures.

Impact

L'affaire Marcel Redureau reste l’un des faits divers les plus tragiques de l’histoire judiciaire française. Elle met en lumière la vulnérabilité psychologique des jeunes employés, en particulier dans des environnements de travail éprouvants, et soulève des questions sur la violence qui peut éclater dans les situations de grande détresse émotionnelle. Le massacre de Bas-Briacé continue d’être évoqué dans les récits criminels comme un acte de désespoir poussé à l’extrême.

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