Chapitre 3 : Les voix de l’invisible
Quelques semaines plus tard, alors que Noël approchait, la presse s’empara férocement de l’affaire. Les gros titres distillaient rumeurs, récits sensationnalistes et spéculations effrayantes. Les journaux savaient que l’angoisse leur profitait ; sous leur plume, chaque fait divers prenait des proportions cauchemardesques, et la peur s’insinuait dans tous les foyers de Londres.
Bien vite, des témoignages étranges commencèrent à circuler. Des habitants parlaient d’apparitions fantomatiques, de cris inhumains résonnant dans la nuit, d’ombres mouvantes dansant à la lueur des lampadaires à gaz. D’autres parlaient de visages changeants et de ruelles où le temps semblait s’étirer, comme si une force invisible déformait la réalité.
Devant l’ampleur de ces événements, Scotland Yard dut élargir son champ d’investigation. Ce n’était plus une simple chasse au meurtrier, mais une plongée dans l’inconnu. Des séances furent organisées avec des médiums et des clairvoyants réputés, dans l’espoir de percer le mystère. Plusieurs d’entre eux évoquèrent une entité maléfique, capable de changer d’apparence et de se fondre dans les brumes de Londres.
La femme aux mille visages
Les jours suivants, les événements inexplicables se multiplièrent. Des témoins affirmèrent avoir aperçu la même silhouette féminine hantait les alentours des lieux macabres. Certains jurèrent l’avoir vue réapparaître et disparaitre sans cesse, mais son apparence resta toujours floue et insaisissable. Toute tentative pour l’approcher échouait : ses traces s’évaporaient comme un mirage, et son visage était impossible à décrire.
Le rapport officiel de Scotland Yard passa sous silence ces phénomènes. Pourtant, dans les couloirs du commissariat, une atmosphère de peur se répandait. Des murmures circulaient, laissant entendre une force surnaturelle, un mal ancien ayant pris les traits de Jack l’Éventreur pour terroriser la ville.
Noël sous tension
Alors que Londres s’apprêtait à célébrer Noël, un malaise palpable enveloppait la ville. L’espoir et la peur se mêlaient dans les rues illuminées. Dans l’ombre, une enquête impossible continuait, brouillant la frontière entre réalité et cauchemar. On traquait une créature que la raison ne pouvait saisir, dont la véritable nature semblait gardée par les ténèbres elles-mêmes.
Une nuit à Scotland Yard
Le bureau de Scotland Yard baignait dans une lumière vacillante d’une lampe à pétrole. Le détective fixait un épais dossier posé devant lui, tandis que son jeune adjoint, l’inspecteur Collins, prenait des notes, son visage trahissant son incompréhension.
— Vous dites que ce témoin, un ancien policier, affirme avoir affronté Jack l’Éventreur ? demanda Collins, incrédule.
— Oui, répondit Nathaniel Kerr, le regard sombre. Le corps a disparu, englouti par la nuit. C’est au-delà de tout ce que nous connaissons.
Un coup discret retentit à la porte. Une femme raffinée entra, portant des parchemins anciens et un globe de cristal. C’était Madame Fairchild, un médium célèbre, appelée en renfort pour éclairer l’affaire.
— Inspecteur, murmura-t-elle en posant ses objets, je ressens une présence obscure. Ce n’est pas un simple meurtrier que vous poursuivez, mais une entité capable de manipuler la matière… et l’esprit.
— Un fantôme ? Ou pire ? demanda Collins, toujours sceptique.
— Un mal qui se nourrit de la peur et de la nuit, répondit-elle, les yeux clos, comme en transe.
Rapport confidentiel — Extrait
Date : 12 décembre 1889
Objet : Enquête sur les phénomènes surnaturels liés au dossier Jack l’Éventreur
Plusieurs témoignages concordants sur des formes changeantes dans les ruelles sombres.
Observations répétées d’une femme aux traits instables, capable de disparaître physiquement.
Collaboration avec Madame Fairchild, médium, pour séances de clairvoyance et détection d’aura maléfique.
Recommandation : approfondir les investigations dans les milieux occultes et recueillir les témoignages des victimes potentielles.
Séance chez Madame Fairchild
Quelques jours après les incidents récents, alors que l’affaire prenait une tournure inexplicable, les enquêteurs se rassemblèrent en silence. Madame Fairchild prit une profonde inspiration, saisit le globe de cristal, et plongea son regard dans ses reflets mouvants. Des images floues apparurent : une silhouette féminine aux yeux sans fond, glissant entre ombre et lumière.
— Elle traverse les frontières du temps et de l’espace, murmura-t-elle. Pour l’arrêter, vous devrez accepter qu’elle n’est pas humaine. C’est une entité ancestrale, une vengeance millénaire incarnée dans une forme féminine.
Les policiers échangèrent des regards troublés. Ce qui devait commencer comme une enquête ordinaire venait de basculer dans l’inconcevable.
Dans le silence lourd qui suivit les révélations de Madame Fairchild, un poids indescriptible s’installa dans le bureau de Nathaniel Kerr. Plus qu’une simple enquête, c’était désormais un combat contre l’inconnu, contre une force qui dépassait toute raison. Déterminé à comprendre ce que cachait la nuit de Whitechapel, il prit la décision de retourner là où tout avait commencé — dans les ruelles étroites et brumeuses, théâtre des crimes et des mystères. Peut-être y trouverait-il, enfin, une trace tangible de ce mal insaisissable…
A suivre...
Antoine, le 9 octobre 2025
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