Londres, 1889. Un an a passé. La capitale semble vouloir oublier les fantômes de Whitechapel, mais sous la surface, l’appréhension n’a jamais disparu. Sous un ciel bas et une brume épaisse, la ville vacille à la frontière du réel et de l’illusion. Des disparitions troublantes, des chuchotements dans la nuit, des ombres qui se faufilent entre les murs… Au cœur de ce décor obscur, un médaillon ancien renfermait un visage oublié et un secret enfoui depuis trop longtemps.
L’inspecteur Nathaniel Kerr, toujours hanté par les crimes de Jack l’Éventreur, se retrouve entraîné dans une enquête où la peur et le surnaturel deviennent spectacle. Son bureau, saturé de dossiers jaunis et de photographies d’autopsie, reste un sanctuaire de l’obsession : comprendre, à tout prix. Mais derrière les apparitions et les rituels occultes, se dessine une vérité plus terrifiante encore : celle d’une manipulation bien humaine, orchestrée par des esprits corrompus, dissimulés sous le masque respectable des notables et des puissants.
Entre sociétés secrètes, pactes oubliés et mémoire sacrifiée, ce récit explore les monstres que l'on fabrique, les légendes que l'on nourrit et les silences que nous choisissons de protéger. Car souvent, les ténèbres ne viennent pas d’outre-tombe ; elles naissent de nos propres choix, de nos oublis volontaires.
Un récit où la brume dissimule moins les fantômes que les vérités qu’on refuse de voir.
Chapitre 1 : La brume et le sang
Londres, décembre 1889 — Entre Noël et cauchemar
À l’approche des fêtes de Noël, Londres était agité par une étrange fébrilité. La capitale offrait un contraste saisissant : d’un côté, le progrès industriel et la richesse étalée ; de l’autre, une misère profonde et silencieuse. Une atmosphère lourde et oppressante enveloppait les rues, comme si la silhouette du tueur, Jack l'Éventreur, jamais arrêté, rôdait encore dans les ruelles humides. Même les plus optimistes savaient que le mal, sous ses formes les plus cruelles, n’avait jamais vraiment quitté la ville.
Dans les quartiers aisés, les pavés luisaient sous la lumière tremblotante des réverbères à gaz. Les vitrines, décorées de guirlandes et de rubans, exposaient des friandises, des jouets finement ouvragés et des vêtements de fête : robes en taffetas, manteaux de velours, gilets brodés et costumes pour enfants — prêts à vêtir chacun pour les célébrations hivernales. Les calèches élégantes glissaient dans le froid, transportant des familles emmitouflées dans la soie et la dentelle. Aux abords des grandes demeures, des guirlandes de lierre et de houx serpentaient les rampes, ponctuées çà et là de lanternes vacillantes ou, chez les plus avant-gardistes, de quelques ampoules colorées — merveilles électriques encore rares, mais déjà promesses d’un siècle nouveau. Dans les salons bourgeois, les murs tapissés de velours s’illuminaient de guirlandes électriques, timides éclats enchâssés dans les feuillages décoratifs, tandis que les cheminées crépitaient sous les rires feutrés des dîners mondains. Le parfum des oranges piquées de clous de girofle se mêlait à celui du bois brûlé, et les ombres dansantes sur les lambris semblaient rejouer les contes de Noël à la lueur des bougies.
À l’autre bout de la ville, Whitechapel s’enfonçait dans une obscurité de cendres et de suie. Les ruelles, étroites et tortueuses, croulaient sous les détritus et les ombres menaçantes. L’air y était saturé d’odeurs âcres : charbon brûlé, sang des abattoirs, relents d’égouts stagnants. Les cris des marchands ambulants, les pleurs des enfants affamés et les disputes des ivrognes formaient une rumeur sinistre, reflet d’une vie écrasée par la pauvreté. La ville semblait retenir son souffle, consciente que les ténèbres qui l’entouraient étaient plus que simples ombres.
Les usines crachaient sans relâche une fumée noire qui empoisonnait le ciel et les poumons. Le progrès imposait sa cadence impitoyable, broyant les corps pour quelques shillings. Les hommes s’épuisaient à la tâche, les femmes se prostituaient pour survivre, et les enfants mendiaient ou volaient pour se nourrir.
Le spectre de l’Éventreur
Un an s’était écoulé depuis le dernier meurtre attribué à Jack l’Éventreur, mais sa présence hantait toujours les esprits. La presse à sensation entretenait l'angoisse : chaque cadavre mutilé, chaque cri dans la nuit ravivait les rumeurs La police, incapable de résoudre l’affaire, voyait sa crédibilité s’effondrer. Les femmes n’osaient plus sortir une fois la nuit tombée, et dans les tavernes, les murmures évoquaient le retour imminent du tueur. Mais alors que la rumeur grondait, quelque chose de nouveau, d’inexplicable, commençait à s’immiscer dans la ville — des phénomènes que ni la science ni la police ne pouvaient expliquer.
Et derrière cette angoisse, un mystère plus déroutant encore s’apprêtait à surgir — un mystère qui allait défier la raison, ébranler les certitudes du monde policier, et faire vaciller les frontières entre réalité et cauchemar.
Une ville au bord du gouffre
Londres, tanguait sous le poids des disparités. Les riches se barricadaient dans leurs manoirs, les pauvres priaient dans des églises délabrées. Les soupes populaires continuaient d’être servies, les gestes de solidarité persistaient, mais l’espoir semblait s’effriter.
Car dans les ruelles brumeuses de la ville, ce n’étaient plus seulement les ombres d’un assassin qui rôdaient, mais celles de forces insaisissables. Le crime ne relevait plus de la main d’un homme, mais de l’impossible. Et dans cette enquête où la logique s’effondrait, une seule certitude demeurait : quelque chose, quelque part, avait été réveillé.
L’enquête de l’impossible
Tout bascula un soir de décembre, quand Scotland Yard fut appelé en urgence dans une ruelle de Spitalfields. Les témoins juraient avoir vu une silhouette figée dans la pierre, comme pétrifiée par une force invisible. Les récits se contredisaient : certains parlaient de lumières étranges, d’autres de murmures dans une langue inconnue, et tous évoquaient un froid glacial, anormal pour la saison, qui semblait s’être abattu sur les lieux.
Les inspecteurs, sceptiques, attribuèrent d’abord ces témoignages à la panique collective. Mais un détail les troubla : la victime, une jeune femme retrouvée sur place, portait des marques de strangulation et des blessures précises — identiques à celles des victimes de Jack l’Éventreur. Pourtant, son agresseur avait disparu sans laisser la moindre trace. Aucun indice, aucun vêtement abandonné, aucune empreinte. Comme si le tueur s’était évanoui dans la brume, ou pire… comme s’il n’avait jamais été tout à fait humain. Cette absence d’empreintes souleva un voile d’inquiétude bien au-delà des quartiers habituels.
Les rumeurs enflèrent. On chuchotait que la silhouette pétrifiée était le fantôme du tueur, condamné à errer pour l’éternité. D’autres murmuraient qu’il s’agissait d’un présage, d’un signe annonçant son retour. Mais l'inspecteur Nathaniel Kerr, lui, refusait de croire aux légendes. Pourtant, un détail le tourmentait plus que tout : un citoyen courageux était intervenu, et le tueur, après une lutte acharnée, avait été vu s’effondrer, mortellement blessé. Comment un homme, même le plus rusé — et surtout mort — pouvait il s'évaporer sous les yeux d’un témoin ? Et surtout, que cachait cette énigme qui semblait défier toute explication rationnelle ?
Les indices s’accumulaient, mais aucun ne semblait appartenir à notre monde : empreintes impossibles, objets défiant les lois de la physique, témoignages incohérents. L’enquête glissait peu à peu vers l’irrationnel. Même les inspecteurs les plus expérimentés perdaient le sommeil. Certains évoquaient des possessions, des artefacts anciens, un mal dépassant l’entendement humain.
Dans les archives poussiéreuses du British Museum, un manuscrit fut exhumé. Il parlait d’une entité oubliée, liée aux meurtres de Whitechapel. Une force nourrie par la peur et le chaos, que les croyances anciennes disaient impossible à arrêter par des mains humaines
Voilà comment les choses se sont réellement déroulées...
A suivre...
Antoine, le 9 octobre 2025

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