Naples, sous le souffle du Vésuve - Naples et Pompéi : deux visages d’un même destin (Dixième et dernière partie)
Aujourd’hui, c’est mon dernier jour. Demain à l’aube, je reprendrai la route pour rentrer au pays. Le ciel est clair, presque trop calme, comme s’il voulait m’épargner les larmes. Je n’ai pas eu le courage de faire cette dernière visite que j’avais prévue… trop peur, sans doute, de croiser le regard d’Amélia. Cette rencontre impossible me serre le cœur d’une étrange mélancolie, mêlée d’une douce appréhension. Entre l’amour naissant, la crainte du départ, et l’angoisse du dernier adieu, mes pas hésitent.
Et pourtant, c’est à Pompéi que le destin m’attendait.
Je m'y suis rendu malgré tout, poussé par une force que je ne saurais nommer. Pompéi, ville figée dans le drame, ensevelie en l’an 79 sous les cendres du Vésuve, garde en elle les battements d’une vie suspendue. Ici, chaque pierre raconte un quotidien interrompu : des fresques éclatantes, des boulangeries intactes, des corps pétrifiés dans leur dernier geste. C’est un instantané de l’âme romaine, conservé dans la douleur et la beauté. On y sent encore les rires, les cris, les amours, les prières. Le silence y est plus éloquent que mille discours.
Et c’est là, au détour d’une ruelle antique, que je la vois.
Amélia.
Elle aussi n’est pas venue pour sa dernière visite. J'apprendrais plus tard qu'elle s'était fait remplacer. Sa présence ici est une surprise bouleversante. Elle marche lentement, accompagnée d’un petit garçon au regard curieux, et d’un homme à la prestance tranquille. Mon cœur chavire. Je m’arrête, incapable de bouger, comme figé moi aussi dans cette ville de cendres et de secrets.
Je m’approche, timidement, les mots se bousculant dans ma tête. « Est-ce votre fils ? Votre ami ? » balbutié-je, les yeux cherchant une réponse dans les siens.
Elle sourit, douce et sereine : « Non, c’est mon neveu et mon frère. »
Et puis, dans un souffle presque timide, elle avoue qu’elle aussi redoutait cette dernière rencontre. Ce moment suspendu, ce dernier regard. Elle avait peur, comme moi, que le silence dise trop, ou pas assez.
Nous marchons ensemble, sans hâte, entre les colonnes brisées et les ombres du passé. Pompéi devient le témoin de ce que nous n’avons pas osé dire. Sous le regard éternel du Vésuve, une promesse fragile s’ébauche. Celle d’une histoire à écrire, peut-être ensemble.
Naples garde ses secrets, mais aussi ses promesses. Et moi, je repars avec l’une d’elles dans le cœur : celle que le destin, parfois, aime les détours. Que l’amour peut naître là où la vie s’est arrêtée. Et que Naples, vibrante et vivante, ne m’a pas seulement offert ses ruelles, ses chansons, ses rires — elle m’a offert une rencontre.
Et peut-être, un commencement.
Post scriptum :
Je n’ai pas tout vu, ni tout vécu. Et c’est peut-être cela, la beauté de Naples : elle ne se donne jamais entièrement, elle se laisse découvrir par fragments, au rythme du cœur.
Je prévois, bien sûr, d’y revenir très bientôt. Il reste tant de lieux à explorer, tant de ruelles à arpenter, tant de couchers de soleil à contempler depuis les hauteurs de Posillipo. Et puis, il y a cette côte amalfitaine qui m’attend, comme une promesse en filigrane.
Alors, d’ici peu, vous aurez peut-être l’occasion de me relire… et qui sait, de partager avec moi une heureuse nouvelle. Me concernant. J’espère que cela vous fera plaisir autant qu’à moi.
A suivre...
Antoine, le 2 octobre 2025

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