Naples, sous le souffle du Vésuve - Rione (Cinquième partie)

Rione Sanità


 Au cinquième jour, l’impatience s’était muée en fébrilité. Chaque heure qui nous séparait de notre rendez-vous avec Amélia semblait s’étirer à l’infini. L’attente devenait insoutenable, surtout à l’idée de la retrouver, elle, dans ce décor napolitain que j’avais tant rêvé de découvrir.

Le crépuscule colorait de ses teintes chaudes les ruelles sinueuses du Rione Sanità lorsque nous pénétrâmes dans ce quartier à la fois chargé d’histoire et vibrant de vies multiples.

« Bienvenue au Rione Sanità, » annonça Amélia d’une voix douce mais assurée. « Ce quartier, dont le nom signifie “santé”, tire son nom non pas de son passé funéraire, mais de la croyance qu’il était un lieu salubre, à l’écart des épidémies qui frappaient Naples. Pourtant, il abrite bel et bien des lieux de sépulture antiques. Depuis l’époque romaine jusqu’à nos jours, cette terre a connu la vie, la mort, la foi et les luttes humaines. »

Nous nous engageâmes sur la Via Porta San Gennaro, où l’histoire palpitait dans chaque pierre. « Le Rione Sanità fut d’abord un refuge pieux avec ses catacombes, notamment celles de San Gennaro et San Gaudioso, cavernes silencieuses où le sacré embrasse le mystère. »

Un peu plus loin, nous nous retrouvâmes devant la basilique Santa Maria della Sanità, célèbre pour sa coupole colorée en majolique jaune et verte. « C’est ici que commence vraiment l’âme baroque du quartier, » expliqua Amélia. « Un lieu de paix où l’art et la foi dialoguent au rythme des Napolitains, fidèles et passionnés. »

Nous arpentâmes les ruelles étroites et animées, bordées de palais ornés tels que le Palazzo Sanfelice et le Palazzo dello Spagnolo, joyaux d’architecture baroque entrelacés de fresques et de peintures murales illustrant la mémoire collective.

« Ce quartier a souffert, » reprit Amélia, « longtemps marginalisé et délaissé, miné par la pauvreté et par la présence oppressante de la Camorra. Mais la renaissance est en marche, portée par les habitants eux-mêmes, grâce à l’énergie de coopératives sociales, d’associations, et au courage de nombreux jeunes qui croient en un avenir meilleur. »

Un jeune homme parmi nous demanda : « Peut-on encore ressentir cette lutte dans les rues ? »

« Oui, » répondit-elle, « mais surtout on y sent la résilience. Entre les murs, la vie explose dans les marchés, les cafés où l’on savoure la pizza frite, et dans les ateliers d’art. Le Rione Sanità est un poème vivant, un hymne tempétueux à Naples. »

Nous terminâmes notre balade chez Poppella, la pâtisserie célèbre pour ses Fiocchi di Neve, délicates douceurs qui fondent sur la langue, symbole sucré d’espoir au cœur d’un quartier riche en contrastes.

Alors que la nuit s’installait, Amélia sourit. « Le Rione Sanità est un miroir de Naples : complexe, multiple, parfois sombre, mais toujours vibrant d’une énergie indomptable. Notre périple continue, car cette ville a encore tant d’histoires à livrer… »

Nous nous préparâmes à suivre Amélia dans la suite de ce voyage napolitain, où mystères et lumière s’entrelacent à chaque pas.


 A suivre...

Antoine, le 1er octobre 2025

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