Naples, sous le souffle du Vésuve - Vomero et Posillipo (Sixième partie)

Vomero

 Nous étions au sixième jour. Les journées passaient trop vite, comme emportées par le souffle chaud de Naples. Malgré la beauté, la magie de cette ville magnifique, une anxiété sourde me gagnait : il serait bientôt temps pour moi de partir.

Les visages autour d’Amelia n’étaient plus les mêmes qu’au début. Certains avaient déjà quitté le voyage, et je savais que mon tour viendrait bientôt. Amelia me regarda — du moins, je le crus. J’avais cru lire quelque chose dans ses yeux, une lueur, une question peut-être. Mais la visite commença.

Amelia nous guida vers les hauteurs de Naples, là où le vent marin jouait avec les feuilles des pins centenaires. Nous arrivâmes bientôt dans le quartier du Vomero, cette colline élégante qui domine la ville et offre l’un des plus beaux panoramas sur la baie.

« Bienvenue au Vomero, » annonça-t-elle, « un quartier qui incarne le contraste entre la vie bourgeoise napolitaine et la vue spectaculaire sur la ville. Son nom viendrait du mot latin “vomere”, la charrue, en souvenir de ses origines rurales. »

Nous nous engageâmes sur la via Scarlatti, artère commerçante bordée de boutiques élégantes, de cafés et de restaurants. « Ici, l’urbanisme du XIXᵉ siècle a façonné des rues larges et aérées, très différentes des ruelles étroites du centre historique. C’est un quartier d’Art nouveau, de style néo-Renaissance ou éclectique — un véritable musée à ciel ouvert. »

La promenade nous mena au Castel Sant’Elmo, forteresse médiévale du XIVᵉ siècle, imposante, dont les remparts offrent un panorama à couper le souffle sur Naples, le Vésuve et la mer. « De ce poste d’observation, vous pouvez embrasser la ville entière du regard, » expliqua Amelia, « un rappel qu’ici, le passé et la modernité cohabitent dans un équilibre délicat. »

Nous visitâmes ensuite la Chartreuse San Martino, magnifique monastère devenu musée, avec ses œuvres d’art sacrées et ses célèbres crèches napolitaines. « Ce lieu, avec ses jardins suspendus, invite à la contemplation, » souffla Amelia.

Plus loin, la Villa Floridiana nous séduisit par ses jardins luxuriants et son musée dédié à la céramique, emblème d’un art raffiné. « Ce quartier a su préserver une atmosphère paisible et élégante, » conclut-elle. « Le Vomero est un refuge, un lieu où Naples respire entre histoire, art et nature. »

Alors que la lumière déclinait, nous contemplâmes la baie s’embraser sous les derniers feux du jour. « Le Vomero nous a offert une autre facette de Naples — plus douce, plus aérienne. Mais notre voyage napolitain continue, plein de promesses et de découvertes. »

Amelia nous conduisait ensuite vers l’un des joyaux les mieux gardés de Naples : le quartier de Posillipo, connu en grec ancien sous le nom évocateur de Pausilypon, « le lieu où finissent les chagrins ».

« Posillipo, » commença Amelia, « est un havre de paix, une oasis d’élégance suspendue entre ciel et mer. Ses criques cachées, ses villas luxueuses et ses panoramas à couper le souffle offrent un contraste saisissant avec l’agitation de la ville basse. »

Nous marchions le long de la via Posillipo, bordée de palazzi anciens et de jardins en terrasses, où le parfum des pins méditerranéens flottait dans l’air. « Vous êtes ici sur les terres où les riches Romains venaient prendre le soleil et les bains, nichés dans des villas somptueuses. Les vestiges de la villa de Vedius Pollio, notamment, témoignent de cette époque. »

Arrivés au Parco Virgiliano, célèbre pour ses belvédères sur la baie, Amelia désigna l’horizon : « Regardez cette vue : Naples s’étale à vos pieds, l’île de Capri se dessine au loin, et la mer calme s’étend comme un miroir infini. »

Nous découvrîmes aussi la Grotta di Seiano, tunnel antique creusé dans la roche, menant autrefois à la villa de Pausilypon et aux ports romains. Ce passage souterrain, long de plus de 700 mètres, est un témoignage impressionnant de l’ingénierie romaine.

« Posillipo ne fut pas seulement un lieu pour l’élite antique, » poursuivit Amelia. « Jusqu’au XXᵉ siècle, ce quartier accueillit artistes, écrivains et compositeurs, inspirés par la douceur du climat et la beauté du paysage — comme le poète Giacomo Leopardi, qui y séjourna brièvement. »

Nous passâmes devant la Villa Rosebery, résidence d’été du président de la République italienne, et la Villa Volpicelli, joyau historique. Plus bas, Marechiaro, ce petit village de pêcheurs devenu symbole mythique de la dolce vita napolitaine, nous attendait avec ses ruelles fleuries et ses restaurants traditionnels.

Alors que l’ombre s’allongeait, Amelia conclut : « Posillipo est une respiration, une promesse de sérénité surplombant une ville tumultueuse. Mais Naples est une mosaïque, et notre voyage doit encore révéler d’autres fragments de ce puzzle fascinant. »

 

Posillipo

A suivre...

Antoine, le 1er octobre 2025

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