Otto Witte, né le 16 octobre 1872 à Düsseldorf selon la majorité des sources — certaines mentionnent cependant 1871, probablement à cause d’erreurs ou d’imprécisions documentaires —, fut l’un des imposteurs les plus audacieux de son époque. Acrobate de cirque, escroc et mythomane, il est resté dans l’histoire pour ses multiples tromperies, mais surtout pour son prétendu coup d’éclat en 1913 lorsqu’il affirma avoir brièvement usurpé le trône du Royaume d’Albanie.
Otto Witte demeure l’un des plus fascinants escrocs du début du XXe siècle. Sa vie aura été marquée par des arnaques rocambolesques et des impostures incroyables.
Les escroqueries artistiques
Avant son coup d’État improbable, Otto Witte avait déjà multiplié les escroqueries. Il est souvent associé à la vente d’œuvres d’art falsifiées, notamment un faux exemplaire de La Joconde, exploit qui lui aurait valu une certaine notoriété. Cependant, il n’existe aucune preuve formelle de cette arnaque spécifique. Avec un flair pour l’improvisation et un talent certain pour la tromperie, Witte réussissait à charmer ses victimes et à les convaincre d’acheter des objets de valeur sans authenticité. Bien qu’il ait passé une partie de sa vie à échapper à la justice, ce fut son usurpation prétendue du trône albanais qui marqua les esprits et consacra sa légende.
L’aventure albanaise
En 1913, alors que l’Europe des Balkans est en pleine ébullition à la suite des guerres balkaniques, l’Albanie accède à l’indépendance. Otto Witte prétend avoir profité de ce climat politique instable pour commettre la plus grande escroquerie de sa vie : il prétend avoir appris que les autorités albanaises cherchaient un souverain et, profitant de la confusion, élaboré un plan audacieux. Avec l’aide d’un ami et complice, un ancien soldat, Witte se serait rendu en Albanie, où il aurait dupé les responsables locaux et se serait fait couronner roi sous le nom d’Otto Ier. Selon son récit, il aurait régné durant cinq jours, profitant des privilèges royaux, signant des décrets et organisant des fêtes. Il raconte qu’il aurait même eu accès au trésor royal et au harem. Mais son règne serait de courte durée : les autorités auraient découvert la supercherie, et Witte aurait dû fuir précipitamment le pays avant d’être arrêté.
Légende ou réalité ?
L’histoire rocambolesque d’Otto Witte est sujette à caution, et beaucoup d’historiens remettent en question la véracité de certains détails. Il n’existe aucune preuve historique sérieuse confirmant qu’il a réellement régné, même brièvement. La monarchie albanaise a été officiellement établie en 1914 avec le prince Wilhelm de Wied, ce qui rend la prétention de Witte d’avoir été roi en 1913 encore plus improbable. Il est probable que certains éléments aient été embellis ou inventés par Witte lui-même, qui adorait se présenter comme un personnage plus grand que nature. Sa version des faits, bien que sujette à caution, reste une anecdote savoureuse et captivante dans l’histoire des imposteurs.
Un escroc célébré
Après sa fuite supposée d’Albanie, Otto Witte retourna en Allemagne, où il entretint sa légende. Jusqu’à sa mort en 1958, il prétendit être l’ancien roi d’Albanie, insistant sur la véracité de son aventure. Il alla même jusqu’à inscrire son titre de « roi d’Albanie » sur ses documents d’identité officiels et sur sa tombe, bien que cette reconnaissance repose uniquement sur son propre récit et non sur une légitimité historique ou officielle. Otto Witte devint un symbole de l’imposture exubérante, quelqu’un qui, par son audace et son charme, avait réussi à duper l’imaginaire collectif, même si ce n’était que pour un bref moment.
Héritage d’un maître de la supercherie
Si Otto Witte n’a probablement jamais régné sur l’Albanie, sa mémoire a perduré comme celle d’un maître de l’imposture. Sa capacité à manipuler et à tromper en fait un personnage à part dans l’histoire des escrocs. Son histoire, bien que partiellement fictive, témoigne de la fascination exercée par les imposteurs qui défient les conventions sociales et politiques.
Otto Witte restera pour toujours l’homme qui osa se proclamer roi et réussit, contre toute attente, à tromper l’imaginaire d’un royaume en pleine instabilité. Une vie aussi romanesque ne peut qu’inspirer à la fois le rire et l’admiration face à tant d’audace.

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